[ conférence ] Imaginaires présents, numérique à venir: impensés et idéologies. ESADSE, Saint-Étienne. 7 mars 2018
Le mercredi 7 mars 2018, se tiendra la journée d’étude intitulée Imaginaires présents, numérique à venir : impensés et idéologies – Représentations et devenir du sujet dans le « numérique » organisée par le CIEREC, l’Université Jean Monnet, le CyDRe, le Random(Lab) et l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne. J’y interviendrai au travers une présentation intitulée « De la bienveillance dispositive comme condition d’émancipation de l’individu en milieu numérique ». Présentation de la journée d’étude Imaginaires présents, numérique à venir : impensés et idéologies – Représentations et devenir du sujet dans le « numérique » : La notion de « numérique » s’est imposée ces trente dernières années dans l’espace social comme le lieu commun permettant d’évoquer à la fois les techniques de communication, le Web et les outils informatiques. Désormais intégrée au champ du design et des productions esthétiques, cette notion reste cependant ambiguë : l’infrastructure opaque des réseaux, l’incommensurabilité du nombre d’informations échangées, mais aussi la multiplicité des agents économiques et des utilisateurs qui la composent et l’administrent rendent l’exercice de représentation du numérique complexe. Tout en désignant un ensemble d’objets, le numérique contient une part d’imaginaire connue, exploitée, mais aussi tributaire d’un certain impensé. La part d’imaginaire du numérique, faite de mythes, de fantasmes, de discours, se matérialise et devient sensible dans des représentations gravitant autour des productions techniques qui transforment nos perceptions et notre conception du réel. Elle fonde donc des récits fabriqués, consciemment ou inconsciemment, qui façonnent des partis pris esthétiques, des habitudes et des interactions sociales. La perception du caractère innovant du « numérique » semble avoir évolué depuis la fin des années 1970. Dans un rapport désormais célèbre rédigé par Simon Nora et Alain Minc, les auteurs font le constat du retard français dans le secteur de l’informatique. Pour pallier cette crise, ils proposent d’entreprendre « l’informatisation de la société » : dès lors, le numérique revêt le rôle de nouveau secteur de compétitivité industrielle et d’agent réformateur de l’entreprise, du système administratif, de la santé et du quotidien (Nora, Minc, 1978). L’innovation de l’industrie française s’élabore donc durant les années suivantes par le numérique. Aujourd’hui le numérique est largement installé, y compris dans la vie quotidienne : l’innovation ne se fait plus par mais dans une société devenue numérique. Les années 2010 semblent marquées par la volonté d’aller au-delà des fonctionnements structurels du « Web 2.0 » pour pousser son développement vers un Web plus « collaboratif », plus intégré au développement du sujet. Cette dynamique s’appuie sur le couple innovation industrielle / imaginaires technologiques, envisagé comme force transformatrice de l’industrie (Musso, 2016). Elle se base aussi sur les interactions sociales, le dénominateur commun de ces questionnements étant le sujet et sa perception du « moi » dans le monde reconfiguré. Alors, quelle est vraiment dans ce numérique « à venir », qui prend racine dans les imaginaires industriels, la place réservée au sujet ? Quelle place est accordée à cette idée du « moi », qui a la faculté de parler à la première personne, et qui ne se définit pas par son rapport à ses possibles jouissances, mais qui au contraire peut s’engager dans la signification, dans une création, comme réalité tout à la fois métaphysique, existentielle, morale et politique ? Quel regard portent le design, la communication graphique, mais aussi les oeuvres d’art sur ce sujet, étant eux-mêmes innervés par les imaginaires industriels ? Nourrie par les regards croisés de théoriciens issus de différentes disciplines, cette journée d’étude se donnera pour tâche d’interroger ces objets d’art et de design, ces représentations liées à la place du sujet dans le numérique « à venir », en prêtant une attention particulière aux impensés et idéologies qui entourent le sujet. Modération : David-Olivier Lartigaud et Carole Nosella Programme PDF |